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Quand l’économie du partage monétise les places de parking… publiques !

Posté le 06 août 2014 by Economie Nouvelle

Haystack-logoQue diriez-vous si quelqu’un vous proposait de vous vendre le droit de se garer sur la place qu’il occupait dans une rue d’un centre-ville particulièrement embouteillé ? C’est ce que propose de faire HayStack, une startup que les municipalités ne voient pas d’un très bon œil…

L’économie du partage qui consiste à laisser le grand public monétiser tout un tas de produits ou services est en plein boom. Qu’il s’agisse de louer une chambre libre avec AirBnB, une place dans sa voiture avec BlaBlaCar ou UberPoP, ou encore une perceuse pendant un weekend, il y a autant d’opportunité pour monsieur et madame tout le monde de gagner un peu d’argent que de raisons de faire râler les professionnels qui voient ces nouveaux venus comme autant de concurrents plus ou moins légaux.

HayStack

Haystack-parkingHayStack, traduisez « botte de foin » comme dans le dicton chercher une aiguille dans une botte de foin est une startup qui propose aux personnes garées dans une rue où il est difficile de se garer de gagner un peu d’argent au moment où elle quitte cette place. Le concept est simple : avant de quitter sa place, l’automobiliste signale sur son smartphone l’endroit où il est garé. Un automobiliste à la recherche d’une place à proximité reçoit la notification et « achète » cette place pour 3 dollars. Il vient alors à l’emplacement où le « vendeur » lui laisse sa place. L’application Haystack, en tant que plateforme technique touche une commission (0,75$) pour avoir organisé la transaction.

L’opposition des municipalités

Si ce type de concept n’est pas nouveau, de nombreuses plateformes proposent aux possesseurs de garages privés de louer ceux-ci à l’heure comme une vraie entreprise de parking, cette fois c’est un bien public qui est proposé. En effet, la place dans la rue – qu’il faille payer un parcmètre ou non – est un bien public que n’importe quel automobiliste peut occuper si elle est libre. Or HayStack si son usage se généraliserait, rendrait impossible aux personnes ne voulant pas payer l’accès à ces places pourtant publiques ! Les municipalités et en particulier celle de Boston où l’app est en déploiement ne voient pas d’un bon œil le fait que des acteurs privés gagnent de l’argent sur des places de parking dont elles gardent volontairement le prix très bas. Le maire Martin J. Walsh a ainsi fait savoir son opposition totale aux opérations de l’entreprise.

La question de l’offre et de la demande

C’est bien de là que vient le problème. Dans des grandes villes, le prix des places publiques, en quantités très insuffisantes par rapport à la demande, est très notablement inférieur à celui pratiqué par les acteurs privés. Cela est par exemple vrai à Paris où une place dans la rue, gratuite la nuit, est à comparer à la trentaine d’euros que demande Vinci Park, le leader des parkings à Paris. De nombreux automobilistes tournent ainsi très longtemps à la recherche d’une place publiques causant embouteillage et pollution. C’est sur ce dernier argument que HayStack base son argumentaire pour justifier l’optimisation des places publiques qui en découlent.

Comme pour de nombreuses startups, l’obstacle juridique sera grand, car dans les faits, rien dans cette application ne relève de la prouesse technique de développeurs. Comme Uber qui est en permanence en procès un peu partout dans le monde, HayStack ne semble pas partie pour avoir un lancement calme et sans opposition !

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